Dans les coulisses de Beauval : une journée de soigneur

1. Le lever du jour : accueillir le réveil des pensionnaires

À 6 h 30, le parc dort encore, baigné d’une lumière douce. En silence, le soigneur vérifie les plannings, enfile ses bottes et s’avance vers le premier enclos. L’odeur fraîche de la rosée, le chant des oiseaux exotiques et le bruissement des feuilles forment une bande-son apaisante. Chaque espèce exige un protocole précis : contrôle de l’eau des bassins pour les loutres, inspection des filets pour les acrobaties des macaques, vérification des abris chauffés pour les reptiles. Patience et délicatesse sont de mise pour ne pas brusquer ces habitants encore endormis.

2. L’heure du repas : un rituel minutieux

Vers 8 h, le ballet commence : couper les légumes pour les éléphants, préparer les rations enrichies pour les grands félins, mélanger les fruits pour les pandas. Chaque ingrédient est sélectionné selon un cahier des charges strict, garantissant santé et diversité alimentaire. Les soignants portent des seaux colorés qu’ils déposent méthodiquement dans les cages. Le spectacle est fascinant : l’arrivée bruyante des guépards, la gourmandise délicate des capucins, la grâce surprenante des flamants roses qui tâtent leur menu. Ces moments de partage renforcent la relation unique qui unit soigneur et animal.

3. Éveil des sens : jeux et enrichissements

Après le repas, la mission suivante est l’enrichissement comportemental. Boîtes à creuser, jouets suspendus, cachettes gourmandes : le but est de stimuler l’instinct et l’intelligence. Au pied de l’enclos des tigres, on place des ballons odorants. Chez les primates, des puzzles alimentaires invitent à observer, manipuler, résoudre. Chaque dispositif est pensé pour éviter la routine et offrir des défis adaptés. Les rires des enfants émerveillés à la vue de ces activités témoignent de l’importance de sensibiliser le public à la vie intérieure des animaux.

4. Soins et suivi médical : veiller sur la santé

Mi-journée, l’équipe vétérinaire rejoint les soigneurs pour des bilans réguliers. Pesée des chimpanzés, prise de sang des vautours, examen buccal du tapir : chaque intervention nécessite douceur et concentration. Les protocoles d’anesthésie légère pour les examens plus invasifs sont exécutés avec rigueur. Le soigneur agit comme un guide rassurant, parlant à l’oreille des patients à poils ou à plumes. Ces instants sont cruciaux : déceler la moindre anomalie, adapter les traitements et consigner chaque observation permet de garantir le bien-être optimal de chaque être vivant.

5. Transmission et échange : accompagner le public

En fin d’après-midi, place aux animations pédagogiques. Devant un public captivé, le soigneur présente la famille des rapaces, explique la spécificité de leur vol et répond aux questions des plus curieux. À travers anecdotes et démonstrations, il partage son quotidien, ses joies et ses défis. Voir des regards s’illuminer devant le vol plané d’un hibou ou le jeu aquatique des loutres est la plus belle des récompenses : la passion se transmet, la conscience s’éveille, le respect pour la faune grandit.

Conclusion

À la tombée du jour, la quiétude reprend ses droits. Les derniers nourrissages sont effectués, les enclos sécurisés, et les soigneurs referment la porte du parc en emportant avec eux le souvenir de chaque regard, chaque câlin, chaque moment de grâce. Devenir soigneur à Beauval, c’est accepter de vivre au rythme des animaux, d’apprendre chaque jour nouveau et d’offrir au public une fenêtre sur un monde fascinant. Une aventure aussi exigeante qu’enrichissante, qui transforme la passion en vocation et la passion en rêve partagé.